lundi 30 août 2010

Filer un mauvais coton

Quand nous pénétrons dans un nouveau monde, en l'occurrence celui de la couture pour moi, il faut apprendre à maîtriser les codes et le vocabulaire, et ce n'est pas toujours chose aisée...

L'autre jour, avec ma mère, nous voilà en virée pour aller acheter du fil et autres trésors de couturière . J'entre dans le magasin, tête haute, balayant d'un regard blasé les milliers d'articles en rayon et appelle la vendeuse en claquant du doigt...
-" Il me faudrait, Mademoiselle, 1 m de biais liberty, 2 m de croquet couleur taupe, du ruban vichy vermeille, des pressions, du kapok..."
Et les petites vendeuses de s'affoler et de courir dans tous les sens à petits pas " Oh là là, ça doit être une pro, la dame, elle maîtrise son sujet..."
Et moi de flâner dans les rayons, en montrant du bout de l'index de quoi remplir mon panier...
- Ah puis aussi, il me faudrait, du fil, du blanc, du noir, du gris, en coton bien évidemment..."
Et là, bing, les pieds dans le tapis, la glissade sur la peau de banane, l'erreur fatale de débutante...
Le magasin s'est arrêté de respirer, toutes se sont tournées vers moi et mon panier...
La patronne a alors posé sa main sur l'avant bras de la petite vendeuse, qui a baissé les yeux, et, prenant son courage à deux mains, me dit :
- "Mais madame, nous ne vendons plus que du fil de polyester...le coton ne se fait plus du tout..."
-"Ah bon, dis-je, piquée, et bien, soit, montrez moi donc tout de même ce que vous avez..."
Alors la patronne a pris une petite clé en or, accrochée à son cou, a ouvert son tiroir et a sorti une vieille boîte ( véridique) , a soufflé sur la poussière ( là c'est pour le suspense...) et l'a ouverte délicatement. Dedans se trouvait 4 petits rouleaux de fil blanc en coton, misérables et frippés, posés sur un coussin à pompons dorés, me regardant avec un fol espoir...
-"Pfff, je vois que vous n'avez que du blanc, prenons donc du polyester, alors. Mais rien ne vaut le coton, c'est bien connu..."
Et là, je crois que j'ai entendu quelqu'un pouffer, au fond du magasin...

Moralité : Quand on veut tout maîtriser, dans le tapis on se prend les pieds, et la honte on va se trimballer...


1 commentaire:

  1. cellekissenfisch30 août 2010 à 15:28

    quel style!
    Et quel titre approprié!
    J'aime beaucoup ta narration, à quand le roman?

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